Nous ne sommes peut-être pas encore au fond du trou mais nous n’en sommes sans doute pas très loin.
Colère et tristesse.
Dans la nuit du 8 au 9 novembre, à quatre heures du matin une personne simple se sachant pécheresse se réveilla très triste. Elle se sentait ivre de colère et et traitait l’église de prostituée. Elle était fort heureusement trop ignorante pour penser au précèdent du prophète Osée.
Mais plus encore que la colère qui finirait par passer parce qu’elle en avait vu d’autres, c’était la tristesse à la pensée de ce qu’elle avait lu, que des personnes quittaient l’église sur la pointe des pieds, que d’autres rejoignaient les églises évangéliques, qui la tenait éveillée.
Alors cette femme sans malice, appelons la Véronique comme celle-là qui, dit-on, essuya la face du Seigneut, fit ce qu’elle faisait parfois quand elle n’arrivait pas à dormir. Elle prit son chapelet dans la poche de sa robe de chambre.
Elle commença par réciter son Credo, « Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Cette femme était tellement simple, certains penseront peut-être qu’elle était bien bête, qu’elle ne se dit pas qu’en fait
d’unicité il y avait les catholiques, toutes sortes de protestants dont son gendre bien-aimé qu’elle adorait de rendre sa fille unique si heureuse, et même des orthodoxes. Elle s’était toujours demandée pourquoi ils s’appelaient orthodoxes alors qu’ils n’étaient pas catholiques.
Sur la sainteté elle avait appris que Pierre le premier Pape n’avait pas toujours été à la hauteur, pas plus qu’elle d’ailleurs. Donc elle prononçait ce mot sans trop se poser de questions.
Catholique ça voulait dire catholique donc aucun problème. Elle ne s’étonnait pas, elle était pourtant une si tendre mère, que pour son fils l’église se comporte comme une marâtre. Elle savait, et c’était un secret entre Dieu et elle, que son Denis était un bon gars qui s’était ouvert lorsqu’il avait rencontré Marc son conjoint. Oui, c’était vraiment un grand secret entre Dieu et elle. Peut-être la seule chose de prix qu’elle possédait. Tellement précieuse qu’elle n’en parlait pas même à son confesseur.
Apostolique: ça c’était le noyau dur. Pensez donc. La succession apostolique! La confiance que ça donnait! Les trop rares fois où elle avait vu son évêque. Sa joie, sa fierté! Elle n’en parlait pas avec son gendre protestant. Elle avait peur que cela le terrasse. Qu’il perde sa foi, qu’il se braque. Elle ne se sentait pas toujours très courageuse!
Ensuite après le Notre Père et les trois Je vous salue Marie elle attaque le dur en ce début du mercredi, le premier des Mystères glorieux, celui de Pâques.
Souvent elle récite son chapelet sans y prêter attention. Heureusement que les grains sont là pour la guider! Mais cette fois-ci elle prend le temps de regarder le tombeau vide, de penser aux apparitions de Jésus que ses disciples ne reconnaissent pas toujours immédiatement. Et voilà qu’elle réalise quelque chose d’inouï. Elle aussi se trouve devant le tombeau vide. Pour elle aussi dans sa vie il est vide la plupart du temps même. Elle aussi il lui arrive de rencontrer Jésus ressuscité et elle ne s’en rend pas tout de suite compte. Elle ne sait pas comment l’exprimer. Alors, pour dire quelque chose parce qu’il faut bien s’expliquer parfois, elle dit à ses petits-enfants qu’elle a la foi.
Et elle s’endort sans passer au mystère suivant,
Le lendemain à son réveil elle prie sur l’évangile du jour. Elle entend Jésus dire; « Il est inévitable que des scandales se produisent … » La tristesse l’a quittée, remplacée par la joie. Une idée folle lui est venue. Et si l’église à laquelle elle croit
n’était pas seulement l’église catholique à laquelle elle se sent appartenir de toute son histoire mais toutes celles et tous ceux qui ont la foi dans le Christ ressuscité? Et si son secret de mère aimante avec Dieu concernant son fils et son mari, d’autres qu’elle n’avaient pas le même genre de secrets? Et si son gendre protestant ne faisait pas parfois la même expérience que les apôtres devant le tombeau vide en lisant sa bible?
Alors elle décide d’inviter sa fille et son mari, son fils et son mari, ses petits-enfants dimanche prochain pour leur offrir un repas de fête. Une fête qui sera mémorable. Elle ne sait pas si elle pourra leur dire de quelle fête il s’agit. Et tant pis, une fois n’est pas coutume, elle ira à la messe anticipée du samedi pour avoir tout le temps de préparer un repas dans lequel elle mettra tout son amour.
Non mais!