Je suis si fatigué.
Tous ces appareils qui clignotent autour de moi .. Je n'ai plus longtemps à vivre ... Je me tais... Je ne sais pas si je pourrais parler... Je ne sais pas si je reste éveillé... Ma quatrième femme rode... Elle a le droit d'espérer ma mort... Cet écart d'âge... Tout cet argent... qu'elle n'aura pas ...
J'avais dix ans. Je lisais Ivanhoé. Je rêvais à la tour en ruine. La vieille porte en bois. Trop petite. Usée. Une porte de cabane à outils qui tenait par une chaîne accrochée à un cadenas. Pas une porte de château. Sur le bord, par le trou de la chaîne on ne distinguait rien. Trop noir. Il y avait un passage secret, un souterrain, des oubliettes, un trésor. J'en étais sûr. J'en rêvais la nuit.
Il m'a fallu trois ans pour oser. Forcer le cadenas. Une lampe torche. Des gravats. De vieux chiffons. Pas de passage secret. Pas de souterrain. Et trente secondes pour me faire choper par le père Mathieu. L'oreille qui fait mal. L'haleine de l'ivrogne. La menace de tout dire à mes parents, à monsieur le maire. Les bouteilles de vin que j'ai dû subtiliser en douce dans la cave de mon père jusqu'au moment où je suis parti pour étudier à Toulouse. Ma réussite dans les affaires. Ma fortune. Mes mariages. Mes divorces. Mon retour au pays. Cette tour en ruine rachetée, réhabilitée. L'inauguration par le maire avec le préfet. Ce discours: « Grâce à vous, huit cents ans après sa construction cette tour est repartie pour huit cents ans ... »
Et le trésor? Dans huit cent ans un gamin de treize ans forcera la porte d'une tour en ruine. Il trouvera sous une trappe dissimulée les cent lingots d'or que j'ai amenés dix par dix après la fin des travaux. Cent lingots que ma femme n'aura pas. Je vais mourir... Je tends la main à ce ga...
mercredi 11 janvier 2012
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