samedi 21 janvier 2012

Le mariage de ma cousine

J’avais hui ans. C’était le mariage de ma cousine Véra. J’étais garçon d’honneur et je me souviens de tout. Je portais un ridicule costume gris clair avec un short long qui laissait voir mes genoux. Nous habitions tous Marseille et le mariage avait eu lieu dans la ville. C’était la fin du printemps. Le curé se mouchait tout le temps. Il devait avoir le rhum des foins. Moi j’avais un peu mal au cœur de sentir les parfums des femmes autour de moi. Pour me distraire je regardais les lumignons dans des verres rouges qui montaient comme un incendie vers la Vierge sur le gros pilier à droite de l’autel. C’était long ! Après il avait fallu faire les photos et enfin la fête dans une auberge à la campagne près de la mer!

Maintenant il était plus de minuit. C’était l’heure du croquembouche, tout luisant de caramel. Les choux dressés les uns sur les autres m’ont fait penser aux lumignons de tout à l’heure à l’église, mais au lieu d’une jeune femme avec une écharpe bleu ciel au sommet il y avait un couple de mariés en figurine sur une petite coupelle blanche. La pièce montée, nous les enfants battions tous des mains.

Mais moi, l’idiot, le malheureux, je me suis imaginé sur la coupelle avec mon meilleur ami de l’époque, Jacques. Je n’ai certainement pas compris la signification de mon souhait, pensez, j’avais huit ans et de ces choses on ne parlait pas dans ma famille. Mais j’ai brusquement senti une impitoyable barre de fer qui me bloquait le haut de la poitrine et m’empêchait de respirer. J’ai immédiatement compris que je ne devrais à aucun prix parler ni de la barre de fer ni du reste. D’où me venait cette peur ? Je l’ignore mais la barre m’a accompagné pendant des années, plus ou moins présente, plus ou moins forte, avant qu’un jour, grâce à toi, Patrice, je puisse consentir à ce que j’étais.

La suite tu la connais.

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