mercredi 29 septembre 2010

Les espadrilles

Elle était si belle notre histoire d’amour ! Presque incroyable. Ces longues journées et ces courtes nuits d’été passées dans cette cabane délavée par les intempéries, nous deux seuls au monde en haut de la falaise.

La profondeur de tes yeux couleurs d’océan, l’orient de ta peau, l’ardoise sur laquelle nous échangions nos pensées.

Moi, muré dans le silence de la surdité. Toi, prisonnière de la splendeur de ta propre voix si envoutante qu’elle empêchait les hommes de t’aimer pour ce que tu aurais tellement aimé être : une femme ordinaire, la femme ordinaire d’un homme ordinaire.

Pourquoi es-tu partie cette nuit dans mon sommeil sans même inscrire un adieu sur notre ardoise ?

Je veux laisser intacts sur notre ardoise les derniers mots que tu m’as écrits : bonne nuit. Alors c’est sur une page arrachée à mon carnet de croquis que je t’adresse ce message, bouteille à la mer : reviens, je t’aime !

Ton Arthur

PS : Bon sang, pourquoi m’as-tu piqué mes espadrilles ? Où les as-tu mises ? Je vais avoir les pieds en sang à déposer ma bouteille par le chemin qui descend de la falaise. Comme si une sirène avait besoin d’espadrilles !

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