vendredi 29 décembre 2006

Comment congeler sa belle-mère?

Passer le permis de chasse et s’acheter un fusil.
Choisir une veuve superbe, dans la force de l’age et sans allergies aux plumes de canard.
Vérifier qu’elle a une fille jolie à marier ALLERGIQUE AUX PLUMES DE CANARD.
Epouser la fille et attendre l’ouverture de la chasse.
Acheter un congélateur-bahut que vous réserverez au gibier que vous tuerez.
Demander à la mère d’essayer la nouvelle baignoire dont vous allez faire la surprise à sa fille.
L’assommer, la mère, d’un violent coup de poêle à frire sur la tête.
Fermer le couvercle et mettre en route le congélateur.
S’assurer qu’elle n’est pas morte, elle doit respirer, même faiblement.
(Sinon changer de femme. Choisir …)
Rapporter non plumés les canards que vous avez tués.
Bien montrer à votre femme que vous les mettez dans le congélateur.
Continuer à chasser le canard, à remplir le congélateur, à profiter de votre femme jusqu’à ce qu’elle ait perdu à vos yeux ses attraits.
Faire enterrer votre femme sans informer les voisins (S’assurer qu’elle est bien morte, elle ne doit pas respirer –cf notre chapitre supra « Comment tuer sa femme ? »)
Transporter votre belle-mère dans votre lit.
La laisser dégeler doucement et à son réveil lui faire toucher sa bosse à la tête
Lui dire que depuis plusieurs jours qu’elle était évanouie vous vous étiez beaucoup inquiété.
Lui montrer à la cuisine la vaisselle qui s’est accumulée et le linge à repasser.
S’installer devant la télé en attendant le repas.

Lien

Annuaire des blogs - Dictionnaire des reves - Annuaire féminin

Romuald et Véronique

La prostituée Véra regarde par la fenêtre embuée du petit studio. On ne distingue que la lumière des guirlandes électriques des chalutiers à quai de l’autre côté de la rue. Ce soir c’est noël. Après s’être démaquillée et changée elle ira chercher sa mère pour l’accompagner à la messe de minuit. Elle sera une femme ordinaire. Elle allume une cigarette. C’était son dernier client de la soirée. Un étrange client en vérité. Livide, maigre, le cheveu rare, pas du genre causant. Et pourtant elle l’avait immédiatement reconnu. Lui, Romuald, il ne l’avait pas reconnue. Peut-être à cause de ses cheveux teints, de son sexe épilé. Peut-être tout simplement parce que pour lui c’était inimaginable, cette prostituée contactée par téléphone et Véronique. Peut-être surtout parce qu’il était complètement absorbé en lui-même, noyé par cette maladie qui semblait le ronger. Leurs corps non plus ne s’étaient pas reconnus. Cela valait mieux pour Véra. Elle avait pu rester très concentrée, très professionnelle. Avec un corps malade ce n’était jamais facile.

Avant d’éteindre Véra fait de l’œil le tour du studio. Elle a remis en ordre le couvre-lit en fausse fourrure. Elle remarque un objet noir à côté du valet en bois où les clients soigneux peuvent plier leurs habits. C’est un carnet en cuir long et assez étroit. Il doit appartenir à l’homme qu’elle croit avoir reconnu. Maintenant elle n’est plus aussi sûre que c’était Romuald. Elle sait bien qu’elle ne devrait pas ouvrir le carnet mais le ranger directement dans un tiroir de la commode en bois laqué rose, pour le cas où le client reviendrait le réclamer. Mais la curiosité est la plus forte. Elle ouvre le carnet. C’est bien Romuald, il habite dans la ville voisine. Il y a même son numéro de portable. Véra a honte de sa curiosité. Elle referme le carnet et le range sans chercher à en savoir plus. Elle ferme le studio et passe dans son appartement sur le même palier pour se transformer en Véronique. Cela étonne encore parfois Véra/Véronique de voir combien le passage de l’une à l’autre est facile.

Véronique sort du garage souterrain au volant de sa BMW rouge. C’est le seul luxe de Véronique qui mène une vie tranquille. Elle aime se retrouver dans cette voiture, rouler longtemps sur l’autoroute les jours où elle ne travaille pas, prendre les routes de campagne en roulant à toute vitesse. Elle a ainsi l’impression de ressentir quelque chose, de frôler la mort. Cette voiture, c’est tout ce qu’elle aime, en-dehors de sa mère. Mais sa mère, à qui elle est obligée de mentir en permanence sur ce qui lui procure de l’argent, lui pèse parfois. La voiture, elle, ne lui pèse jamais, même lorsque, comme maintenant, elle est complètement arrêtée par la circulation. Une jeune femme enceinte passe devant la voiture. Véronique soudain se souvient de son bébé, enfin du bébé qu’elle avait failli avoir. Cà faisait des années qu’elle n’y avait plus pensé. La joie de ses vingt ans. Sa joie lorsqu’elle avait accouru vers Romuald, son fiancé, pour lui annoncer la grande nouvelle. Elle avait attendu d’être sûre pour lui en parler. Au début il n’avait rien dit. Puis sa colère, la scène brutale, les mots coups de poignard, son départ en claquant la porte. Elle avait parcouru la ville à pied, sans prendre garde au froid, l’esprit vide. Elle avait décidé d’avorter. La faiseuse d’anges, comme on disait à l’époque, une amie de sa mère. La douleur affolante. La peur de mourir.

Véronique/Véra retrouve enfin l’accès à cette douleur oubliée, occultée. Si son corps souffre c’est donc qu’il est encore vivant ! Elle gare sa voiture et met son visage entre ses mains pour pleurer. C’est si bon après toutes ces années de reprendre contact avec soi-même, de pouvoir revivre ces évènements douloureux dont elle avait si soigneusement étouffé la trace en elle. Pendant que tout cela se passe en elle, elle sent progressivement monter l’inouï d’un plaisir lui aussi oublié depuis des années, le plaisir que lui a apporté tout à l’heure Romuald sans qu’elle l’ait seulement remarqué. Ce sont désormais d’énormes sanglots qui la secouent.

A quarante kilomètres de là un peu plus tard Romuald ouvre d’une main légèrement tremblante au milieu de factures et de prospectus publicitaires une lettre à l’enveloppe anonyme. Il sait qu’il n’a plus longtemps à vivre. Le médecin lui a donné tout au plus quatre mois. Cette annonce, il s’y attendait. Il l’a plutôt accueillie comme un soulagement. Il y aurait désormais pour lui seulement les choses essentielles. Il a immédiatement, cela fait trois semaines, engagé un détective privé. Pour retrouver son enfant, son enfant qu’il n’a pas connu. L’imminence de la mort lui a donné ce courage. C’est la lettre de l’agence de détective qu’il tient entre les doigts. Il la lit avec peine. Maintenant ses mains tremblent fort. Madame V. n’a pas d’enfant. Elle vit de la prostitution à S. Elle vit seule et n’a pas de souteneur. S. c’est la ville où il a passé sa jeunesse, la ville où tout à l’heure il a rencontré la femme. C’est elle, il en est sûr maintenant avec laquelle il a eu cette rapide étreinte. Cette étreinte tarifée qui lui fait horreur.

Il est mort dans ses bras trois semaines après qu’elle lui ait rapporté le carnet. Il avait eu le temps de lui parler longuement de sa vie qui avait été un long désastre jusqu’à la maladie finale. Elle lui avait confié sa souffrance lorsqu’il l’avait abandonnée, ses errances. Elle ne voulait plus qu’il l’appelle Véronique mais Véra.

Après sa mort elle était allée voir le curé qui l’avait enterré. Elle lui avait demandé s’il pouvait les marier. Le curé, un brave homme assurément, l’avait regardé, étonné. « Mais madame, on ne se marie pas avec un mort ».

Maintenant Véra gare la voiture rouge au bout du chemin du bord de mer. Le vent marin souffle fort. Elle laisse les phares allumés et sort du coffre un grand pied de biche qu’elle vient d’acheter. Elle s’y prend à plusieurs fois pour faire sauter la serrure de la porte de la chapelle. Elle a chaud. L’ombre des phares l’empêche de bien voir ce qu’elle fait. La transpiration colle à sa peau son corsage blanc, sa longue jupe blanche la gène. Enfin la porte cède et s’ouvre à deux battants. Elle va chercher le voile blanc dans la voiture. Elle monte les trois degrés usés et entre dans la nef mal éclairée par les phares, le carnet noir sous le bras.

Elle apporte deux chaises en face de l’autel et s’assied sur celle de droite. Elle pose le carnet sur celle de gauche. Elle reste immobile jusqu’à ce que la batterie s’épuise, que les phares s’éteignent. Elle reste dans le noir, claquant des dents. Parfois, sans qu’on sache pourquoi, la cloche sonne A l’aube elle sort de la chapelle et marche sur la grève.

Huit jours plus tard un promeneur trouvera une femme noyée échouée sur les rochers au pied de la chapelle. Elle portait une robe de mariée.

_uacct = "UA-1121645-1";
urchinTracker();>
">Lien

Annuaire des blogs - Dictionnaire des reves - Annuaire féminin

mardi 26 décembre 2006

Lettre de voeux

Cher monsieur Nason,
Permettez à votre ancien élève, Léon Marbeuf, de vous présenter ses meilleurs voeux pour l'année 1917. J'espère que vous continuerez à jouir d'une bonne santé gràce au bon air de notre Thiérache. Je vous souhaite également de bons résultats pour vos élèves au Certificat.Tout le monde sait que vous êtes le meilleur intituteurdu canton.
Je vais beaucoup mieux. Le médecin major m'a dit hier soir que je pourrai revenir à la maison pour pâques. Cà fera alors un an que j'aurai été projeté par cette boule de feu qui a criblé mon pauvre corps d'éclats métalliques. Ma jambe gauche me fait moins mal. J'ai évité de peu la gangrène et l'amputation au printemps dernier. J'ai aussi échappé à neuf mois de plus à patauger dans l'eau et la boue, à cuire sous le soleil. Je pense aux copains qui en ce moment luttent contre le froid.
Pour moi, la guerre est finie. Ma jambe blessée est en coton. Je ne l'ai pas dit à mes parents. Le Père compte sur moi pour continuer à retourner la terre avec Grise, notre jolie jument percheronne. Ils savent seulement que j'ai pas été amputé. Pour moi, la ferme aussi c'est fini. J'ai vu monsieur l'aumônier. Rassurez-vous, je continue à me méfier, mais ici c'est pas comme au pays. On vit ensemble, on meurt ensemble et ils viennent avec les ambulances entre deux attaques relever les blessés qui appellent leur mère. Ma blessure je sais pas comment çà s'est passé. Je me souviens de rien en-dehors de la boule de feu. Probable que j'ai été assommé par le choc. Probable que j'ai pas eu le temps d'appeler la Mère.
Mais c'est pas la question. J'ai encore un peu la tête embrouillée. Il faut me pardonner. Ce que je voulais dire c'est que l'aumônier m'a dit qu'avec ma blessure je pourrais avoir une dispense d'âge pour entrer à l'école normale. Vous vous rendez compte, ce serait formidable. C'était votre idée à vous mais je suis le seul enfant, et le Père il voulait pas. Et c'est vrai que j'aimais bien, aussi, le travail de la ferme. Je pourrais commencer par enseigner aux petits et puis un jour, quand vous partirez en retraite, je pourrais vous remplacer.
Mais ce qui m'ennuie vraiment c'est pour ma Célestine, vous savez, Célestine Leroux. On s'était promis de se marier si je revenais de la guerre. Mais avec ma blessure au ventre je pourrai plus faire ce que font les hommes. C'est quelque chose de délicat à dire à une jeune fille mais je voudrais pas qu'elle croie que j'ai changé d'idée ou que c'est à cause d'une autre que je veux plus l'épouser. Il faudrait que vous alliez voir le curé du village. Lui, c'est pas vraiment un homme, et puis elle va tous les mois se confesser. Il pourrait lui expliquer avec ses mots à lui. Mais moi j'ose pas lui écrire car, vous savez, son église je l'ai pas beaucoup fréquentée. Il faudrait qu'il parle à ma Célestine avant que je revienne.
Merci monsieur Nason. Je serai heureux de vous revoir. Pour ma jambe et l'école normale c'est pas la peine de le dire à mes parents. Je leur dirai moi-même.
Votre ancien élève,

Léon Marbeuf

">Lien

Annuaire des blogs - Dictionnaire des reves - Annuaire féminin

lundi 25 décembre 2006

A poursuivre - Poésie?

J’aime la caresse de l’eau sur les flancs de barques
et
le chocolat



Je n’aime pas les glaçons dans mon verre de bourbon



Je n’aime pas la mauvaise foi,
ni les gâteaux de riz



J’aime les roses d’autrefois,
contempler les vaches à l’ombre de frênes



Je n’aime ni :
· le tennis
· les choux de Bruxelles
· les lendemains de cuite




J’aime les fleurs de givre aux vitres de la cuisine



Je n’aime pas les odeurs importunes mais j’aime la sieste



Je n’aime pas l’envahissement des choses, les salsifis














J’aime les femmes jadis aimées










J’aime m’éveiller pour longtemps





Je n’aime pas les chaises branlantes
Et je n’aime pas non plus avoir le nez bouché



J’aime l’espoir de ma mendiante,
les confidences impromptues



Je n’aime pas les certitudes
Je n’aime pas l’incertitude



J’aime m’endormir accompagné
Et le crissement de la plume



J’aimerais vieillir




">Lien

Annuaire des blogs - Dictionnaire des reves - Annuaire féminin

dimanche 24 décembre 2006

Voyage imaginaire

Au-dessus du vide le pas doit être précis, assuré. Ne pas prêter attention aux spectateurs dont les regards pourtant vous aspirent. S’en tenir à l’étroite ligne grise en quoi se résume la vie. Surtout ne pas imaginer la plongée dans l’abîme. Plus loin sous les pieds une savane avec des zèbres et des lions qu’on regarde d’en haut sans quitter pourtant des yeux le bout de ses chaussures. Il serait tentant de s’arrêter et de les fermer ces yeux pour mieux les voir. Mais l’aventurier ne s’accorde aucun répit. Jamais. Sa route de pierre tourne et cela mobilise toute son attention. Une fois de plus le mouvement est effectué sans heurt. Il s’accorde le plaisir d’écouter le commentaire admiratif du speaker de la radio qui tient ses auditeurs en haleine. C’est le speaker que ses parents aiment écouter le dimanche à midi. Mais il faut maintenant couper le son car on arrive au pays passionnant des phoques et des ours blancs, des chiens de traîneaux roulés en boules à l’entrée des igloos.

Le trottoir et sa bordure de granit gris se termine. Le jeune garçon regarde les nains de jardin de la villa blanche au bout du lotissement en attendant ses deux jeunes sœurs qui le suivent, cartable au dos comme lui. Il regarde surtout Blanche Neige. Il ne saurait au juste dire pourquoi mais il est fasciné par ce personnage avec sa peau si blanche, ses cheveux si noirs, ses lèvres si rouges. Il y a là quelque chose d’encore plus passionnant que les lions et les ours polaires. Son esprit, si hardi tout à l’heure, est frappé de stupeur. Il n’ose s’imaginer qu’il est un de ces nains mutiques. Pourtant il lui arrive d’en rêver la nuit, mais il n’en parle à personne. Celui qui a de petites lunettes rondes et une épaisse barbe lui plaît par dessus tout. C’est certainement le préféré de la jeune femme aux lèvres rouges. Mais cette contemplation de tous les matins ne dure jamais assez longtemps car déjà ses deux sœurs arrivent. Elles croient qu’il les attend gentiment là pour traverser la route.

Après, il y a une décision à prendre. Continuer sur la grande route en marchant bien au bord en file indienne, le garçon pourra alors poursuivre ses rêveries solitaires ; ou prendre le petit chemin, c’est son nom, qui débouche entre deux maisons. Il faudra alors qu’il raconte une histoire à ses sœurs pour combattre la peur. Ils savent en effet tous les trois que sur le petit chemin le danger rôde. En temps ordinaires il n’accorde guère d’attention à ses petites sœurs, si peu intéressantes, si incompréhensibles dans leur univers de filles. Mais là c’est différent. Ils vivent la même aventure. Elles comptent sur lui pour les protéger et il ne les force jamais car, même s’il joue un peu au malin, il sait que, si l’une d’elles a trop d’appréhension, il risque lui aussi de succomber à la panique. Ce jour-là en tout cas elles sont toutes les deux volontaires pour le petit chemin.

Les deux maisons dépassées, elles regardent vers la route et n’ont pas de fenêtre du côté de la campagne, le petit chemin de terre file tout droit entre deux haies de ronces et de prunelles derrière lesquelles on aperçoit les champs. Un peu plus loin sur la gauche arrive un autre chemin, perpendiculaire. A l’angle un grand jardin bien tenu avec ses rangées de poireaux, de laitues et ses pieds de choux de Bruxelles. Au milieu du jardin une cabane en bois brut devenu gris avec le temps. On voit du chemin que la porte est fermée avec une grosse chaîne de fer et un cadenas. Les enfants n’ont jamais eu le courage de franchir la haie peu épaisse à cet endroit pour aller inspecter la cabane.

Dès qu’ils sont engagés sur le chemin le garçon commence à raconter l’histoire du capitaine Tic. C’est une interminable saga qu’il invente au fur et à mesure. Capitaine Tic n’est pas plus grand que lui et terriblement malin. Il échappe aux situations les plus périlleuses. Il lui arrive fréquemment de se retrouver au milieu d’une charge d’éléphants, dans la caverne d’un ours qui rentre bredouille de maraude. Chaque fois il s’en sort par ruse ou en se cachant. Parfois le garçon ne se souvient plus où il en est de l’histoire. Il est fier que ses petites sœurs le lui rappellent : tu sais bien il était enfermé dans le coffre du méchant pirate. Alors il brode la suite mais il n’évite pas toujours les redites.

Lorsque c’est la saison ses sœurs s’arrêtent pour manger des mûres en chemin. Il interrompt alors l’histoire et reste aux aguets comme le zèbre le plus expérimenté du troupeau tandis que les autres broutent en paix. Mais ils ne s’arrêtent jamais à proximité du jardin potager et le garçon s’arrange toujours pour que l’histoire arrive à son point culminant au moment où ils passent devant le croisement des deux chemins. L’angoisse est alors maximale. S’ils n’aperçoivent personne, c’est le cas le plus souvent, l’histoire continue ensuite sur un rythme moins trépidant jusqu’à ce qu’ils arrivent aux premières maisons du village.

Mais s’ils aperçoivent quelqu’un dans le jardin ou sur l’autre chemin ils se mettent à courir à toute vitesse, les filles devant et le garçon derrière. Sans regarder la personne dont il s’agit ils crient toutefois bonjour au passage pour ne pas paraître impolis.

Une fois dans le village l’école est tout de suite là, ou plutôt les deux écoles, de filles et de garçons accolées. Le garçon accompagne ses sœurs jusqu’au portail des filles puis il revient vers celui des garçons.

Si les enfants ont un peur sur le petit chemin c’est parce que le jardin appartient au père Morel. Il est anormalement petit, voûté, et travaille sur les routes à curer les fossés et à réparer les trous de la chaussée. Tous les enfants du village savent de source immémoriale et sure qu’il enlève les enfants et les enferme dans la cabane en bois. Ce qui est curieux c’est que les parents, qui mettent toujours leurs enfants en garde contre ce genre de personnes, semblent ne se douter de rien. Ils ne disent jamais non plus que des enfants ont vraiment disparu.

Le fils Morel est dans la classe du garçon. Il est très doux, petit comme son père auquel il ressemble beaucoup et tout le monde l’appelle bébé Morel. Un jour le garçon est allé lui demander à la récréation ce que çà faisait comme effet d’avoir un père qui enlève les enfants et si c’était bien dans la cabane du jardin qu’il les cachait. Bébé Morel est resté silencieux comme s’il n’avait pas compris mais depuis il évite de se mêler aux autres enfants dans la cour.