dimanche 22 mai 2011

La Defense

Sur la grande esplanade de La Défense l’air est encore doux. Si la canicule annoncée, avec ses nuits torrides, arrive ce sera plus tard.
Il marche pour rejoindre son bureau à une heure où beaucoup de parisiens sont encore en train de se brosser les dents ou dans les transports en commun. Il s’amuse à regarder un jeune chien qui essaie de chasser un pigeon. Sa laisse, tenue par une dame entre deux âges aux vêtements de coupe soignée, le retient. Le jeune chien, un genre de cocker ou d’épagneul, monte sur un banc de pierre à côté duquel passe sa maîtresse. Il escalade le large dossier de pierre et lève la patte sur le buisson de troènes qui forme un muret de verdure auquel est adossé le banc. Cela ne dure qu’un instant et l’élégante maîtresse semble ne rien voir. En redescendant du dossier le chien pose une crotte sur l’assise du banc. Il n’a pas le temps d’en faire plus car la laisse le tire : la femme marche d’un bon pas.
- Madame, madame, votre chien a posé une merde sur le banc.
- Monsieur, on ne parle pas comme ça ! On dit un caca de chien.
- Ce n’est pas la question, merde ou caca.
- Je vous dis qu’on ne parle pas comme ça. J’avais vu et j’avais bien l’intention de ramasser.
La femme s’arrête et cherche quelque chose dans son sac puis dans une de ses poches. Lui continue sa route et elle crie dans son dos :
- Je vous remercie, monsieur.
- Tout à votre service, madame, dit-il sans se retourner.
Il l’entend qui marmonne dans son dos :
- Ramasseuse de merde, ramasseuse de merde …