jeudi 13 septembre 2012

Apollinaire




  • Vous rêvez, Adrien ?
Adrien sursaute.
Il n'avait pas vu que madame Ardouin, la professeure de français, regardait par dessus son épaule. Il ne savait pas non plus depuis combien de temps il était resté sans rien faire au lieu d'écrire son commentaire de texte. La seule chose qui le raccrochait à la réalité c'était les vers qu'il avait commencé à écrire sur son cahier devant lui :

Et de planètes en planètes

De nébuleuses en nébuleuses

Le don Juan des mille et trois comètes

Même sans bouger de la Terre

Cherche les forces neuves.

Soudain Adrien, le bon élève si ce n'est l'élève modèle, a très chaud. Ses oreilles bourdonnent. Son esprit est vide.
  • Vous ne vous sentez pas bien, Adrien ? …. Vous viendrez me voir après la classe.
Madame Ardouin s'éloigne et parle fort. Adrien ne comprend pas ce qu'elle dit mais qu'importe. Il lui est reconnaissant de détourner les yeux de la classe qui s'étaient fixés sur lui. L'heure passe sans qu'il réussisse à reprendre le fil. S'il ferme les yeux il voit une pluie d'étoiles, s'il les ouvre les mots qu'il a écrit dansent devant lui sans qu'il ne les déchiffre.
  • Alors, Adrien ?
La cloche a sonné et maintenant il est devant madame Ardouin, l'esprit vide, tellement vide qu'il se sent poussé par une force irrésistible à sauter dans l'inconnu.
  • La chevelure d'or des comètes madame.
Ces mots qu'il s'entend prononcer le surprennent. Il ne sait pas si madame Ardouin est surprisecomme lui mais en tout cas elle ne répond pas tout de suite.
  • Vous savez, Adrien, il n'y a pas que pour don Juan que les chevelures d'or sont importantes.
Adrien rougit légèrement mais au fond il n'est pas gêné, soulagé plutôt.
  • Vous savez madame j'avais l'impression de sauter de nénuphar en nénuphar, très vite, de peur que qu'ils n'enfoncent.
  • Comme de planètes en planètes et de nébuleuses en nébuleuses.
  • C'est exactement ça madame.
  • Et vous cherchez les forces neuves parce que ça ne va pas fort entre vos parents comme lorsque votre mère était venue me voir en début d'année.
Adrien se crispe, puis se détend et sourit.
  • C'est ça, exactement ça, madame !
  • Ce qui vient de vous arriver, Adrien, il ne faudra jamais que vous l'oubliiez de toute votre vie : la poésie ça donne des forces!





2 commentaires:

Sebarjo a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
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