samedi 7 juillet 2007

Entre les deux yeux

Elle est debout. Inoxydable. Superbe. Comme si elle ne venait pas de vivre l'expérience la plus bouleversante que puisse connaitre une femme: faire l'amour avec moi après que j'ai croqué deux comprimés de Viagra. Sans me vanter, car ce n'est vraiment pas dans mes habitudes, sur ce coup j'ai assuré un max. D'ailleurs je suis complètement rétamé.

Elle me regarde de ses yeux verts où n'importe quel homme aimerait se noyer. Seulement l'oeil noir d'un élégant pistolet de femme à la crosse en nacre me regarde aussi. Enfin j'imagine que le pistolet est élégant avec une crosse en nacre car, pour dire la vérité, je n'ai rien vu venir. La seule chose dont je suis certain c'est que l'oeil du pistolet est noir et mauvais, et braqué sur moi. J'avoue que ça fait drôle ce genre de truc quand on n'a pas l'habitude.

- Mais chérie (j'ai pas compris son prénom russe imprononçable tout à l'heure quand elle m'a abordé à la terrasse du café, depuis je l'appelle "chérie") que se passe-t-il? Et d'abord comment peux-tu tenir encore debout après l'éblouissante partie de jambes en l'air que sans me vanter, car ce n'est vraiment pas dans mes habitudes, nous venons de nous offrir.

J'essaie un petit rire vaguement libidineux mais ça a l'air de tomber à plat. Le canon du pistolet se fait plus menaçant. C'est pourtant vrai que pour mademoiselle j'ai sorti le grand jeu. Dès que j'ai senti le coup se préciser je suis allé croquer en douce deux comprimés de Viagra dans les toilettes. Au péril de ma vie. Avec une dose pareille j'aurais pu choper un arrêt cardiaque et tomber raide mort entre ses bras. Beurk, elle en aurait fait une tête, ma fiancée d'un soir, si elle s'était retrouvée baisée par un cadavre. Mais, bon, je suis un gentleman, je vais pas lui raconter ça. Et puis le Viagra, meme si elle veut me buter, elle n'a pas besoin de savoir.

- Vous voulez mon argent? C'est ça? Mais c'est un parti pris, de l'acharnement, du harcèlement! Mon ex femme aussi, elle en veut à mon argent. Vous allez rire mais j'ai pas d'argent. Vous savez, avec mon ex femme qui a obtenu une pension alimentaire exorbitante à cause de ma soi-disant cruauté mentale, si j'avais de l'argent quelque part en France elle l'aurait fait saisir. Alors je me suis organisé. Je suis insolvable, rigoureusement insolvable (ça n'a pas l'air de la faire rire). Comment, vous le saviez? Comment, c'est mon ex qui vous envoie? Comment, vous avez eu pitié pour elle quand vous avez vu que je portais des affreuses chaussettes de couleur verte? Comment, c'était moins mou que ce qu'elle vous avait dit mais encore plus ennuyeux? Mais, mademoiselle, enfin, c'est pas poss....

Et ce jour-là le soleil s'est levé comme d'habitude.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est vraiment original ce texte!
Pauvre mec... j'ai presque mal pour lui!
Comme quoi, le viagra, même si il aide au départ, quand on est mauvais on est mauvais hihi :D !!!
Je trouve ce texte plus qu'amusant.
J'ai bien ri et je l'aime beaucoup !!

Val

Anonyme a dit…

:-))). Et oui, voilà ce qu'il en est de nous pauvres, petits hommes face aux redoutables femelles castratrices

Ondine a dit…

Croquable (comme ces fameux cachets) et cynique juste assez... Comment terminer une vie avec un grand boum?

Anonyme a dit…

Et bien !!!!!
Quelle atmosphère !!!!!
Brrrrrr.....

Anonyme a dit…

Absolument inattendu et donc, réussi! les Viagra donnent une couleur actuelle à ce récit dans lequel deux femmes ont comploté contre un pauvre homme...Coumlarine ignore dans quels méandres elle nous envoie grâce à ses consignes!...

Amitié,

Anonyme a dit…

Je n'aime pas trop le dernier paragraphe, cette sorte de dialogue à une voix.

J'aime bien le sujet et l'ambiance au début.