lundi 23 juillet 2007

Moderne Cendrillon

La surprise est de taille qui conduisit à un an d’effervescence médiatique autour de l’empire-principauté de Cancanie, petit état paisible au cœur de l’Europe, héritier du grandiose empire éponyme.

Il faut dire que les implications économiques ne manquaient pas à cette histoire. La Cancanie envoyait dans le monde entier des boites métalliques de biscuits avec la mention By appointment of her Imperial Majesty. Si le prince Erick, le fils unique de l’empereur vieillissant ne se mariait pas il ne pourrait pas monter sur le trône, telle était l’implacable loi de la libérale Cancanie, et s’en serait fini de l’impériale recommandation pour les biscuits.

Mais c’était surtout l’intérêt médiatique qui dominait pour les cœurs innombrables dans le monde qui s’émeuvent des vicissitudes des célébrités. Le prince Erick était fort beau mais il vivait depuis l’age de quinze enfermé dans sa chambre où il refusait de recevoir quiconque, à plus forte raison de songer au mariage. La presse people du monde entier s’interrogeait périodiquement sur son destin. On peut imaginer quel fut l’émoi, en Cancanie et ailleurs, lorsque le palais annonça que le prince avait disparu pendant trois jours et qu’à son retour, sans donner aucun détail sur son escapade, il avait fait l’aveu qu’il avait enfin trouvé, puis perdu, l’âme sœur avant de se murer dans un silence absolu. Le premier ministre en personne devait s’exprimer en direct devant la nation sur ce grave sujet et faire une révélation fracassante. L’intervention était prévue dans une semaine, le temps de doper les ventes mondiales de biscuits cancaniens.

C’est devant les télévisions du monde entier que le premier ministre, sobre et grave, annonça que le prince Erick avait rencontré une personne dont il n’avait pas voulu ou pu livrer autre chose que la photo qu’il avait maladroitement prise : une paire de jambes vêtues d’un pantalon de jogging et chaussées de baskets. Le signalement était des plus vagues mais seule la personne aimée du prince pourrait le sortir de son absolue prostration.

Je vous laisse imaginer les six mois de travail de la police cancanienne pour trier parmi des millions de postulants les quinze mille hommes et femmes qui furent présentés alternativement au prince. Le Parti conservateur ne put s’opposer à cette manière de faire car depuis plus de trente ans la loi de Cancanie autorisait le mariage entre personnes du même sexe et nul ne connaissait les orientations sexuelles du prince.

Malheureusement la place me manque pour poursuivre mon récit mais vous connaissez tous, lecteurs cultivés, l’identité de la personne que le prince, devenu quatre ans après son mariage premier président de l’Europe élu au suffrage universel, épousa. Car son nom appartient désormais à la Grande Histoire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

un joggig et des baskets...Ca y'est j'ai trouvé : il a épousé Sarkozy