dimanche 4 février 2007

Carte postale

Je suis resté une heure environ dans la salle de bain. Quelques minutes pour enlever la terre noire qui collait à mes mains. Le reste du temps pour me déshabiller, pour faire tremper mes vêtements dans la grande bassine, pour me savonner et me resavonner; pour chasser l'odeur de la mort.

Tout avait commencé par une carte postale, une carte postale de Marco envoyée de Naples. Bien dans sa manière, superbe et mystérieuse. Une rue avec des motos. Et quelques mots griffonnés en créole.

Le bâtard, il aurait pu me prévenir avant, il aurait pu m'envoyer un mail. Ici, dans cette île minuscule de la Caraïbe, le courrier, surtout les cartes postales, avait une chance sur deux d'arriver. Si j'en jugeais d'après le cachet de la poste çà faisait plus de quinze jours qu'il l'avait postée. Quinze jours de plus à risquer de crever.

Çà faisait six mois qu'il était parti, un soir où j'avais trop bu, un soir où je n'avais plus pu supporter ses infidélités avec les croisiéristes de passage. Depuis je n'avais pas cessé de maigrir, de dépérir. Le toubib du coin m'avait fait faire une prise de sang. Non, je n'avais pas attrapé la fameuse maladie. J'avais toujours été prudent, surtout avec Marco. Cet enfoiré.

Dès que j'ai lu la carte j'ai commencé à vider tous les pots de fleurs qui entouraient ma case, à chercher la foutue charogne. Ces pots, il y en avait bien une cinquantaine. J'ai fini par le trouver ce fameux kimboi, ce poulet crevé que cette ordure de Marco avait enterré dans un pot de bougainvilliers pour me tuer à petit feu. Une histoire de sorcellerie de par ici. Il avait dû prévoir son coup avant son départ, le salaud. J'ai tout empaqueté soigneusement dans un sac plastique, et hop! À la poubelle. Quand je suis sorti de la salle de bain l'odeur était vaincue.

Après j'ai ouvert une cannette de coca et j'ai bu; moitié coca, moitié whisky.

Et après? Après je me suis dit que Marco, le petit gigolo qui m'avait trompé et plumé, qui avait tenté de me tuer par sorcellerie, hé bien le Marco il avait fini par me sauver la vie et que je donnerais n'importe quoi pour qu'il revienne gravir les trois marches d'accès à ma véranda de sa démarche chaloupée de faux loup de mer.


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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis nulle pour faire des commentaires, beaucoup plus nulle que les autres qui t'écrivent des commentaires. Mais tu l'as voulu alors le voila: tu as de la chance parce qu'il se trouve que je l'aime bien ce texte, plus qu'un poème sur des lesbiennes dans un avion.
Sur ce je te laisse, mon pouns!