dimanche 18 février 2007

Les très riches

Il choisit toujours la solution la plus compliquée. C’est ce que nous avons tous cru lorsque John est revenu un jour, excité comme une puce, d’une de ses lointaines parties de pêche solitaire en haute mer. Il faut dire que notre petite communauté des Robinsons de la Fortune se lassait de ses récits, aussi interminables que monotones. Au lieu de passer à d’autres sujets plus intéressants nous pensions qu’il avait inventé cette histoire pour piquer notre curiosité. Il avait été trader dans une grande banque de Londres et il s’était arrêté de travailler pour rejoindre notre projet dès qu’il avait accumulé vingt millions de livres sterling (20.000.000 £) de primes.

L’idée du projet était simple : former une communauté de gens très riches qui achèteraient un atoll dans le Pacifique, le mettraient sur des flotteurs pour se mettre à l’abri de la fonte des glaciers, et vivraient là heureux, définitivement coupés du monde et de ses rumeurs. Nous avions un contrat avec la marine de guerre des USA pour être protégés de toutes interférences externes. Nous ne voulions pas d’enfants avec nous, les femmes en âge de procréer devaient être stérilisées, ni d’animaux domestiques. John était le seul d’entre nous à avoir des difficultés à se stabiliser, d’où ses parties de pêche ridicules, au grand dam de sa compagne Clara.

Compte tenu de tout cela nous n’avons pas vraiment prêté attention à son premier récit d’une terre qui était en train d’émerger. De plus le soleil tapait dur à ces latitudes. Et lorsqu’il nous a dit, les jours suivants, que c’était le haut d’un petit château qui sortait progressivement de l’eau nous avons commencé à nous moquer de lui. C’était il y a trois mois.

Maintenant notre atoll est cerné par des immeubles et des maisons à moitié émergés. Pour arriver à la pleine mer il faut naviguer pendant des miles dans les rues d’une ville qui ressemble à s’y méprendre à Londres. En approchant en barque des fenêtres de la Tate Gallery on voit les œuvres d’art à travers les vitres. Si tout se passe bien nous allons bientôt vivre dans une des plus belles villes d’Europe entièrement réservée à nous, les très riches.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce texte m'a permis de réfléchir sur la vie des cénobites. Pauvres crustacés (ou très riches?)! Mais quel bonheur de sentir sous leur coquille les mystères du corail. Il m'arrive de porter un collier de cet arbre des eaux autour du cou. Ne disait-on pas dans les Temps Anciens qu'il arrêtait les hémorragies et écartait la foudre? Un petit conseil aux très riches si je puis me permettre : "L'essentiel est invisible pour les yeux"

Anonyme a dit…

"Les Très Riches"

Ça m'a fait beaucoup rire. J'aime beaucoup...