samedi 12 mai 2007

Dix ans

La salope ! Elle m’a immédiatement appelé. Elle se marrait au téléphone. Elle m’a dit qu’avec mes 53% j’en prenais pour au moins dix ans, pas moyen de me défiler. Mes amis, mes riches amis, ne me laisseront pas décrocher comme ça. C’est sûr, leurs foutus journaux vont tout faire pour que je sois réélu. J’ai été vraiment con avec mon histoire de rasoir et d’ambition. Au début j’ai fait ça juste pour embêter le vieux, pour voir la tronche qu’il me tirerait au prochain Conseil des ministres. J’aurais mieux fait de me laisser pousser la barbe !

En tout cas elle m’a bien roulé, la salope. Y a pas à dire, en politique, les bonne-femmes c’est plus malin que les mecs. Lors de leur foutu débat je m’étais débrouillé pour pas être bon sans que mes conseillers, mes sponsors, mes amis, puissent se rendre compte de rien. Y faut dire que ce sont pas tous des génies. Y a qu’un écrivain américain vachement fort, il paraît qu’il écrit directement en français , qui s’est rendu compte de mon truc. Il avait coupé le son pendant l’émission et il a bien vu que j’avais face à elle une attitude de toutou craintif..

Quand elle a piqué sa fameuse colère à propos des handicapés je me suis dit : ça y est, c’est gagné, j’ai perdu. Pendant qu’elle parlait je voyais des centaines de milliers de voix de centristes passer de son côté. J’allais être proprement karchérisé. J’allais pouvoir réaliser mon rêve de toujours, regarder pousser mes poireaux, devenir Nicolas le jardinier. Mais le lendemain, patatras, tout le monde a su que son truc était bidon et j’ai tout récupéré. Quand je vous dis qu’elle est vachement fortiche.

Quelle plaie, tout à l’heure il va falloir que j’aille les saluer, tous mes supporters hystériques. La connasse, l’autre femme de ma vie, veut absolument qu’après j’aille au Fouquet’s. Pour l’emmerder j’en sortirai en jean. Mais je vais pas couper au bronze-cul-cul débile sur un voilier. Moi qui ai le mal de mer et de l’eczéma à cause du soleil. Mais il paraît que je ne peux pas refuser à mes amis le plaisir de me faire plaisir. Ça sera toujours comme ça maintenant. Avec eux on rigole pas. Ils sont riches. Très riches même.

S’ils savaient que dans ma tête je rêve d’être le petit Nicolas, le gamin de Sempé.

Putain, dix ans, qu’est-ce que ça va être long !

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Si seulement c'était vrai.

Je crois aussi qu'un homme peut être prisonnier de son ambition et de ses "amis". Il y a beaucoup de références sousjacentes, je pense au film "le président" où Gabin dénonce l'investissement sur un député par des groupes financiers, à la série 24 où le présidnet Palmer a des ennuis avec ses amis qui lui demandent une contrepartie après l'avoir fait élir, ...

Arthur H. a dit…

En écrivant ce texte j'ai pensé à un peu tout ça. Mais finalement ce qui va compter c'est la politique menée.

Anonyme a dit…

Aller, Nicolas, t'as qu'a boire un petit coup pour te remonter le moral.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20070610.OBS1049/sarkozy_etaitil_ivre_au_g8_.html