jeudi 6 septembre 2007

Terrasse de café

Il m’a donné rendez-vous à la terrasse de ce café, à l’angle de la rue de Rivoli, sur la place en face de l’Hôtel de Ville. La place du baiser de Doisneau ! Nous repartirons bras dessus-bras dessous après nous être embrassé. Nous n’en pourrons plus d’attendre le prochain baiser. Tous les cent mètres, îlot de bonheur immobile au milieu de la foule compacte qui en nous dépassant nous enviera. Après chaque baiser il me serrera très fort, sans un mot.

Il est là, il est beau. La terrasse ensoleillée est pleine de monde en cette belle fin de journée du début de l’été. Pourtant je l’ai trouvé du premier coup d’œil. Comme si son attente que j’arrive avait aimanté mon regard.

Les vacances, les vacances à inventer avec lui. Ça tombe bien, je n’avais rien prévu. J’espère que lui non plus n’avait rien prévu.

Pour le rejoindre je passe entre les tables. Les consommateurs de la terrasse que je dérange me sourient. Je sens que je suis belle.

Il y a sur la petite table devant lui une bière à moitié bu. Beaucoup de filles ont dû rêver à la place vide à côté de lui. Il se lève à demi et me fait signe. Je me sens enveloppée dans sa chaleur, son sourire.

C’est moi, cette fille au cœur battant. C’est moi qui suis là. Pour une fois je n’ai pas envie de me moquer gentiment de moi. Ce n’est pas le moment, ce n’est pas la peine.

Il m’a posé un baiser sur le visage, sur les lèvres je crois. Un baiser rapide. Un baiser promesse. Un baiser si sûr de lui qu’il me dit que rien ne presse.

Il hèle un garçon qui, malgré la presse, arrive immédiatement. Il me demande ce que je veux boire. Oh, c’est horrible ! Moi, la normalienne en agrégation de philo, j’ai l’esprit absolument vide. J’éclate de rire, lui aussi et il dit à ma place au garçon un peu interloqué que pour moi ce sera un Perrier tranche.

Nous ne nous disons plus rien. Où plutôt il me parle d’une voix enjouée et moi je n’écoute pas. Le garçon apporte mon Perrier. Un silence. Je le regarde. Cette lèvre si attirante. Mais que dit-il ? Que dit-il ? Qu’il en aime un autre ? Ce n’est pas possible.



Mademoiselle, mademoiselle, ne partez pas ! Les consommations ne sont pas payées.

1 commentaire:

Otir a dit…

Comme je te l'avais dit sur les Impromptus Littéraires, cette novelette m'avait paru bien familière d'un événement personnel.

J'en parle sur les Ricochets, et j'ai mis un lien vers ton texte. C'est là :

http://ricochets.des-blogueurs.org/post/2007/09/20/1978%3A20-Pourquoi-pas